Maintenant que nous comprenons comment les éléments clés d'un geyser fonctionnent, essayons de voir comment ces parties travaillent ensemble pour créer de telles éruptions spectaculaires.
Au fond de chaque geyser se trouve une cavité remplie d'eau très chaude et de gaz. Cette chambre est reliée à la surface par un conduit dont la paroi peut avoir été lissée et renforcée par les sels minéraux provenant de l'eau du geyser (voir partie précédente).
Le processus commence par l'eau qui migre vers le système de conduits du geyser à travers les fissures du sol. Puisque ces conduits se situe à des kilomètres de profondeur, l'eau au fond du conduit du geyser est soumise à une pression incroyable à cause de la hauteur de la colonne d'eau dans la cheminée. Plus le conduit est haut et plus la pression régnant dans la chambre est importante.
Pour bien comprendre le fonctionnement d'un geyser, il faut rappeler que les différents états de l'eau dépendent du couple pression-température. A la pression atmosphérique normale, la vaporisation (passage du liquide au gaz) de l'eau se fait à 100°C; mais pour une pression supérieure la température d'ébullition sera plus élevée. C'est le principe d'un autocuiseur.
Voyez donc le geyser comme une cocotte-minute géante. Elle marche avec une enceinte pressurisée qui permet de cuire les aliments beaucoup plus rapidement que la cuisson dans une casserole normale. Les autocuiseurs peuvent faire cela parce que le point d'ébullition de l'eau s'élève car elle est sous pression. Pensez à ce qui se passe réellement quand l'eau bout : de l'eau commence à bouillir et les bulles de vapeur d'eau commencent à faire surface. Si plus de pression pousse vers le bas sur l'eau, l'eau a de plus en plus d'énergie (sous forme de chaleur) pour surmonter cette pression et commencer à pousser les bulles à la surface. Ceci explique pourquoi l'eau dans un autocuiseur peut atteindre des températures de plus de 125 °C en restant liquide, tandis que le point d'ébullition de l'eau à la pression atmosphérique (101,3 kilopascal soit ~1 bar) est à seulement 100 degrés Celsius.
Sur ce graphique , on voit que plus la pression augmente, plus la température de l'eau doit être élevé pour qu'elle se vaporise.
Considérons maintenant l'énorme pression au sein du réservoir. L'eau dans un tel système peut atteindre des températures très élevées avant de commencer à bouillir.
Peu à peu, l'eau commence à atteindre son point d'ébullition et devient turbulente. En haut de la cheminée la pression est moins grande car la colonne d'eau est moins haute; de petites bulles commencent à se former et remontent à la surface en entraînant un peu d'eau, ce qui provoque des éclaboussures et des débordements. La colonne d'eau est donc moins haute, diminuant la pression exercée sur l'eau restante au fond du conduit et dans le réservoir. Suite à cette soudaine chute de pression, qui correspond à une baisse du point d'ébullition, l'eau du réservoir peut se vaporiser.
On sait que les molécules dans un gaz sont relativement éloignées entre elles, donc l'eau à l'état gazeux prend plus de place qu'à l'état liquide. La vapeur, qui n'a pas la place nécessaire, pousse alors violemment l'eau hors du conduit dans une violente éruption.
Cette éruption durera tant que l'eau dans le geyser restera assez chaude pour pousser l'eau hors de la cheminée. Finalement, le système entier sera à court d'eau ou bien l'eau se refroidira en bas et l'éruption s'arrêtera. Et le cycle recommence encore une fois, deux fois, et indéfiniment.
L'éruption
En résumé, l'eau au fond du réservoir est au contact des roches chaudes. La colonne d'eau présente dans le conduit a pour effet d'augmenter la pression dans le réservoir et par conséquent la température d'ébullition. Cependant, plus haut dans le conduit, la pression est plus faible et l'eau peut se vaporiser. Un peu d'eau jaillit, la colonne d'eau diminue donc la pression aussi et l'eau contenue dans le réservoir peut se vaporiser à son tour. La vapeur repousse alors l'eau du conduit sous la forme d'un puissant jet.